Les héros du grand chelem
Jack Kramer
(USA)
(né en 1921)

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Kramer, c’est l’homme qui révolutionna le monde du tennis, l’homme par qui le scandale arriva, l’homme qui pendant 25 ans symbolisa tout ce que le tennis professionnel pouvait avoir de repoussant et d’insupportable pour les représentants du tennis officiel, l’homme qui mit fin au tennis d’amateurs de nos grands-pères pour le remplacer par sa vision du tennis professionnel tel que nous le connaissons encore aujourd’hui. L’homme enfin qui toute sa vie s’est battu pour défendre les intérêts des joueurs contre celui des fédérations. Certainement aussi l’un des plus forts joueurs du XXème siècle, inventeur du power tennis et du jeu au pourcentage. 

A Wimbledon en 1947
  Très doué pour le sport dès son plus jeune âge, le jeune Jack fait ses débuts au base ball à Las Vegas, avant de découvrir le tennis, poussé par sa mère, qui trouvait les jeux de raquette moins violents…. Il collectionne très vite les places d’honneur en devenant champion junior des Etats-Unis à 13 ans ! En 1939, à 18 ans, il figure déjà parmi les meilleurs joueurs américains et compte sa première sélection en coupe Davis dans le Challenge-Round contre l’Australie. Avec Joe Hunt, 20 ans, il joue et perd le double contre Quist-Bromwich, la meilleure paire d’avant la guerre, après un match très dur en 4 sets. Les deux années suivantes, il continue normalement sa carrière amateur et montre déjà un bel esprit d’indépendance et de contestation. En 1941, il est l’instigateur de la première grève de l’histoire du tennis pour protester contre les conditions d’accueil réservées aux joueurs lors d’un tournoi à Boston. Il commence son association en doubles avec Ted Schroeder, avec qui il remporte deux titres de double en 1940 et 41. Comme pour beaucoup d’autres joueurs, ses meilleurs années sont gâchées par la guerre, qu’il passe dans les garde côtes à partir de 1942. Cette affectation lui permit de rester proche du territoire américain et de continuer à s’entraîner à peu près normalement. Il est finaliste malheureux des championnats américains en 1943 contre Joe Hunt qui se tuera quelques mois plus tard dans un accident d’avion. 
Hasard d’une rencontre, ou souci du perfectionnisme mêlé à une géniale intuition, il commence à travailler avec Cliffe Roche, un ingénieur en automation avec qui il étudie systématiquement toutes les phases de jeu en fonction de ses meilleurs coups et des faiblesses de l’adversaire. Ce faisant, il invente un tennis dépouillé de toute inspiration, où seul le meilleur pourcentage de réussite guide la stratégie du joueur. Il invente ce qu’on appellera plus tard le power tennis, un jeu d’attaque à outrance, à base de service, volée et de retours de service agressifs, abrégeant l’échange au maximum en obligeant l’adversaire à jouer des coups difficiles.  

Kramer à la une du Time, 1947
La reprise des compétitions en 1946 à Wimbledon est cependant un échec. En huitième de finale, il ne peut se sortir d’un deuxième set d’enfer que lui impose le tchèque Drobny qui l’emporte finalement 17/15. Victime d’ampoules à la main, Kramer s’incline en 5 sets pour une des rares défaites de sa carrière d’amateur. Mais le reste de la saison et toute l’année 1947 n’est qu’une promenade de santé: Deux Forest Hills, un Wimbledon, deux coupes Davis sont autant de succès faciles qui font de lui l’incontestable N°1 mondial...
 

 

A 26 ans, marié et père d’un petit garçon, Jack Kramer n’en demandait pas plus et se dépêcha de signer un contrat professionnel chez le promoteur Jack Harris. Les dessous de table qu’il avouait toucher suffisaient à peine à faire vivre sa famille, et il n’était pas dans la lignée de ses camarades amateurs  comme Schroeder, Seixas ou Savitt qui avaient les moyens de poursuivre de longues études tout en jouant les globe-trotters à travers le monde…
Transposées dans le monde des professionnels, ses théories sur le tennis devinrent de véritables instruments de travail.  Kramer retrouve Bobby Riggs et Donald Budge, les champions d’avant guerre. Il entraîne dans l’aventure le champion d’Australie Dinny Pails, et le sud-américain Pancho Segura.

Jack et Gloria Kramer après le deuxième succès en coupe Davis
1947
Kramer domina immédiatement tous ses adversaires et resta l’incontestable N°1 de la catégorie pro jusqu'en 1952. D'abord contre Riggs (jusqu’à ce que ce dernier devienne organisateur des tournées professionnelles), puis contre Pancho Gonzales à partir de 1950, sans parler des autres qu’il dominait outrageusement. A partir de 1952, Kramer met un frein à sa carrière de joueur et remplace Riggs en tant que manager des joueurs pros. Pancho Gonzales lui succède comme joueur vedette et reprend avec succès le rôle d’épouvantail pour les champions du monde amateurs que lui opposait régulièrement son patron. En retrait, Kramer se contente tous les ans de piller de ses meilleurs joueurs le vivier amateur afin de faire prospérer son entreprise, tout en militant pour l’ouverture des grands tournois aux professionnels. A partir de 1962, il est remplacé par Trabert comme manager et devient commentateur de radio, puis de télévision.

Jack Kramer vers 1960
  Incontournable acteur du monde du tennis professionnel, il reprend du service en 1968, quand les tournois open sont enfin autorisés. Il devient conseiller pour l’organisation du Grand Prix, ancêtre de l’ATP Tour actuel. La mise en place de tournois de différentes catégories et du masters de fin d’année sont en grande partie ses idées. Toujours influent et militant pour l’indépendance des joueurs professionnels vis à vis des intérêts des fédérations nationales, il est à l’origine de la création de l’ATP en 1972, organisation dont il devint le premier président exécutif. Il fut dès l’année suivante à la pointe du combat pour défendre les intérêts d'un des membres de l’ATP en organisant le boycott de Wimbledon. Cette action spectaculaire répondait à la suspension de Nikki Pilic par la fédération yougoslave, le joueur ayant refusé sa sélection en coupe Davis. Kramer, en jouant le rôle de piquet de grève, se rendit alors extrêmement impopulaire en Grande Bretagne, ce qui lui coûta pour l'occasion son poste de commentateur à la BBC. Mais il avait su démontrer ainsi l’indépendance de l’ATP vis à vis des instances dirigeantes officielles, donnant définitivement aux joueurs le droit de défendre leurs propres intérêts. Il finit sa carrière comme membre du Conseil International des Joueurs professionnels, organisation régulatrice du tennis créée dans les années 70.
Comme tous les bons professionnels, Jack Kramer a signé un multitude de raquettes de chez Wilson, soit avec son portrait comme ci-dessous, soit de son logo en forme de couronne. 
Allez voir au musée la collection complète, avec son logo ou son portrait. Kramer signe également des vêtements de sport toujours chez Wilson:

  Jack fait aussi beaucoup de pub, comme en témoigne ces deux exemples ci-dessous. Allez voir la collection complète au musée.

Shampooing Vitalis

Pub Wilson, avec Bobby Riggs

Livre de souvenir
 Son palmarès en grand chelem : 3 simples et 3 doubles messieurs. A ces titres officiels, il convient d'ajouter les trois doubles messieurs du championnat amércicain pendant la guerre, en 1940 et 41 avec Schroeder, et en 1943 avec Frank Parker.
Wimbledon Simple Messieurs 1947
Double Messieurs 1946   Tom Brown
1947   Bob Falkenburg
Championnats d'Amérique 
Forest Hills
Simple Messieurs 1946-47
  Double Messieurs 1947   Ted Schroeder
Coupe Davis (2) 1946-47
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Dernière mise à jour : 24 Mai 2000
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Mars 2000.