Stolle à la une de ce journal américain
Juillet 1967
Les héros du grand chelem
Fred Stolle
(Australie, né en 1938)

"Fiery Fred" (Fred Le flamboyant)
et aussi
"The Old Hacker" ("Le vieux cheval"...)

Fred Stolle restera dans l'histoire du tennis comme un grand malchanceux. Il a fait toutes les finales du grand chelem en simple et en a perdu 5 avant de pouvoir en grappiller une. Et ses trois finales consécutives perdues à Wimbledon le classent parmi les perdants, les éternels "looser". Stolle était pourtant un candidat crédible pour un grand chelem, faisant trois finales sur quatre possibles deux années de suite, en 1964 et 65. Mais il eut la malchance de trouver sur sa route, Roy Emerson qui ne se décidait pas à passer professionnel. 

En 1960, lorsqu'il débarque pour la première fois en Europe, il a déjà 22 ans. Il n'est déjà plus vraiment un espoir. Le tennis n'a pas été pour lui une révélation de jeunesse et il a longtemps hésité entre le tennis et le cricket. Lorsque Hopman le sélectionne dans l'équipe australienne cette année là, il a déjà l'âge auquel Rosewall et Hoad étaient passés professionnels avec leur carrière d'ameteur derrière eux! 

Avec son jeu de jambe un peu raide et sa froideur naturelle sur le court - il ne manifestait jamais la moindre émotion -, il ne se fait pas trop remarquer.  Il a certes un très bon service grâce à sa taille, et une très bonne volée comme tous les australiens de cette époque. Il prenait la balle très tôt, avait un  joli revers et jouait tous ses matchs avec la même cadence infernale sans se fatiguer: tennis efficace et sans fantaisie qui ne lui permettait pas de rivaliser avec les meilleurs. D'autant qu'au sein de l'équipe australienne, la concurrence était rude avec des garçons comme Emerson et Laver. Son partenaire de double était Bob Hewitt, excellent spécialiste de cette discipline qui manifestait bruyamment ses sautes d'humeur sur les courts. Hewitt, quelques fois grossier et même franchement mal poli avec les arbitres et le public, était mal vu des dirigeants australiens et ne fut jamais sélectionné en coupe Davis... C'est néanmoins avec ce partenaire irascible que Fred Stolle va conquérir ses premiers titres en double: Wimbledon (62 et 64) et en Australie (63 et 64).

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Après le départ de Laver chez les professionnels, il s'affirme rapidement comme le N°2 australien derrière Emerson. En 1963, alors qu'il n'est pas tête de série, il est finaliste surprise contre Chuck McKinley. Après cette première place d'honneur, qui est aussi un premier échec, il collectionne les places de finaliste et chute à chaque fois sur celui qui va devenir sa bête noire, son compatriote et ami Roy Emerson: deux fois en Australie (64-65), deux fois encore à Wimbledon (64-65) et encore une fois à Forest Hills (64). Il commence à avoir la réputation de l'éternel perdant, et on désespèrait de voir un jour ce grand blond aux allures d'échassier gagner  un grand tournoi. 

Première finale perdue contre
l'américain McKinley, 1963.

A Wimbledon, juillet 1964
En 1964, il est exclu de l'équipe australienne de coupe Davis avec Emerson, Hewitt et Fletcher. C'est que tous ces amateurs avaient enfreint le règlement en allant jouer à l'étranger - on pourrait dire en allant chercher le cachet ! - plus que ce qui était autorisé officiellement. Finalement, tout le monde sera gracié pour cause de coupe Davis à défendre, mais Hewitt et Fletcher déçus choisissent de s'expatrier. Du coup, en 1965, Emerson et Stolle se retrouvent seuls pour former une une nouvelle grande équipe de double. A eux deux, il remporteront encore 4 titres en grand chelem.

Photo d'un journal français qui rend compte de la sévère 
défaite de Fred Stolle à Wimbledon.
Mais en simple, Stolle n'aura pas la chance d'Emerson qui vit partir sa bête noire, Laver, chez les professionnels. "Emmo" reste amateur, et le grand blond australien reste longtemps sans remporter le moindre grand titre. Il doit attendre 1965 et Roland-Garros pour voir enfin Emerson éliminé en demi-finale par le jeune Tony Roche. Débarrassé enfin de sa bête noire, Stolle remporte son premier grand titre à grands coups de service volée, sur une surface où il n'était pourtant pas le plus à l'aise. Mais à Wimbledon un mois plus tard, le cauchemar continue et il perd sa troisième finale consécutive, toujours contre Emerson. Un échec cuisant qui n'est pas sans rappeler celui du baron Van Cramm avant la guerre...

Troisième finale de Wimbledon perdue. C'est
encore Emerson qui saute de joie..
L'année suivante, c'est son ancien partenaire de double Bob Hewitt qui le prive d'une quatrième finale consécutive à Wimbledon. On le dit sur le déclin et il n'est même pas tête de série à Forest Hills en septembre 66.  C'est à cette occasion qu'il gagne son deuxième surnom qu'il se donna lui-même quand il apprit qu'il n'était pas classé: "Ils pensent que je ne suis qu'un vieux cheval!". ("an old hacker"). Il remporta le tournoi sur un autre non classé qui lui, était en  pleine ascension, John Newcombe. Après sa victoire, il aura ces mots: "- Eh! bien je pense que le vieux cheval sait encore jouer un peu au tennis !"

Fort de cette notoriété, il choisit de commencer une carrière professionnelle. Il devient alors le partenaire de double de son compatriote Ken Rosewall alors au sommet de sa carrière. Les deux australiens forment une équipe redoutable et remportent le premier Roland-Garros open en mai 1968. Un mois plus tard à Wimbledon, ils sont encore finalistes contre Newcombe et Roche, et ils ne s'inclinent que de justesse au cours d'une magnifique finale sur le score de 3/6 8/6 5/7 14/12 et 6/3!


A Wimbledon, 1971

Après une dernière saison en 1972, il se retira du circuit professionnel pour commencer une carrière d'entraîneur. Il participa plusieurs années à la WTT (World Team Tennis) comme entraîneur joueur de l'équipe de New-York. Après la faillite de cette compétition, il devint commentateur de télévision. Mais il n'a jamais abandonné le tennis. Il joua encore longtemps en double , notamment avec John  Newcombe. Dans les années 90, il est revenu plusieurs années de suite disputer la coupe Toto Brugnon à Roland-Garros avec son vieux copain Ken Rosewall. 

Son fils Sandon Stolle est actuellement un bon joueur professionnel, spécialiste du double et plusieurs fois sélectionné en coupe Davis.


A 43 ans en 1981, avec Newcombe à l'US Open
battus en demi finale

Fred Stolle pendant les
cérémonies du millenium
de Wimbledon
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Voici son palmarès en grand chelem: 2 simples et 10 doubles messieurs, et 4 doubles mixte
Championnats d'Australie Double Messieurs(3) 1963   Bob Hewitt
1964   Bob Hewitt
1966   Roy Emerson
Double Mixte(1) 1962   L.Turner
Roland-Garros Simple Messieurs(1) 1965
Double Messieurs(2) 1965   Roy Emerson
1968   Ken Rosewall
Wimbledon Double Messieurs(2) 1962   Bob Hewitt
1964   Bob Hewitt
  Double Mixte(3) 1961   L.Turner
1964   L.Turner
1969   Mrs P.F. Jones
Championnats d'Amérique 
Forest Hill
Simple Messieurs(1) 1966
Double Messieurs(4) 1965   Roy Emerson
1966   Roy Emerson
1969   Ken Rosewall
Coupe Davis (3) 64-65-66

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Dernière mise à jour : 30 avril 2010
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