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(37) 1961 La longue route de Rod Laver
vers son premier grand chelem
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En 1961, le gaucher australien Rod Laver est prêt pour succéder à Neale Fraser. Moins précoce que ses glorieux devanciers Rosewall et Hoad, c'est un bourreau de travail qui continue à s'entraîner même après avoir joué trois parties d'un tournoi du grand chelem dans la même journée. Il pratique le service-volée systématique comme tous les australiens de cette époque, mais il a surtout d'extraordinaires reflexes qui lui permettent d'avoir des retours de service meurtriers et un jeu de volée époustouflant. Son revers très lifté est une particularité de l'époque qui étonne. Pris très tôt, c'est un coup d'attaque très dangereux, surtout sur herbe où la volée qui suit est gagnante presque à tous les coups. Au fond du court, Laver sait faire de son revers un excellent coup de défense, annonçant ainsi ce que seront les grands lifteurs de la décénnie suivante comme Borg et Vilas.


Roy Emerson au service
  Un australien s'apprête à succéder à un autre australien, ce n'est pas surprenant. Au début des années 1960, force est de constater que pour battre un australien, il faut le plus souvent un autre australien. Fraser, Laver et Emerson forment l’ossature de l’équipe de coupe Davis, mais les seconds couteaux sont à peine inférieurs. Ils s’appellent:
- Fred Stolle, futur vainqueur de Roland-Garros et de l’US Open, 
- Martin Mulligan, finaliste de Wimbledon en 1962 et qui prendra la nationalité italienne pour pouvoir enfin jouer la coupe Davis! 
- Ken Fletcher qui réussira le premier grand chelem en double mixte en 1963,
- Owen Davidson qui fera également un grand chelem en mixte en 1967; il sera plus tard un brillant partenaire de double avec Ken Rosewall et John Newcombe, 
- Bob Hewitt, partenaire de double de Fred Stolle. Il choisira la nationalité sud-africaine pour pouvoir jouer la coupe Davis et former une extraordinaire équipe de double avec Frew McMillan. 

Plus quelques autres moins connus mais tout aussi redoutables comme Robert Marks et Bob Howe. En dix ans, de 1960 à 1969, les Australiens remportent 7 titres de simple à Roland-Garros, 8 à Wimbledon et 7 Forest Hills. Sur ces 22 victoires, 18 sont des finales 100% australiennes. En double hommes et en double mixte, la domination australienne est tout aussi écrasante! Harry Hopman est un capitaine entraîneur comblé. En 1961, comme tous les ans, il emmène en Europe quelques jeunes espoirs dont un certain John Newcombe, 17 ans...

Il n’y a que sur la terre battue de Roland-Garros que les Européens font de la résistance. Nicola Pietrangeli, puis Manuel Santana, artistes au toucher de balles magique montrent que le service-volée n’est pas l’unique manière de jouer : les contre-pieds, les amorties, les revers longs et coupés le long de la ligne, les changements de rythme et les attaques savamment préparées du fond du court résistent avec succès aux funambules australiens qui, dès le premier coup lâché, montent systématiquement au filet. Encore que cette résistance aura vite des limites ; les australiens feront place nette à Roland-Garros comme ailleurs…  

Rod Laver à Roland-Garros, 1961.
En début d’année en Australie, c’est pourtant Roy Emerson qui s’impose, profitant des faiblesses d’un genou de Fraser et du poignet de Laver pour remporter son premier grand titre. Il a déjà 25 ans, et c’est le moins doué des élèves de Harry Hopman, celui qu’on attendait pas à ce stade de la compétition. Mais tout est relatif ! Emerson est quand même N°3 australien, donc mondial. Avec son jeu très classique de service volée, il est incontestablement depuis plusieurs années le meilleur joueur de double du monde.

La victoire à Roland-Garros pour
l'ancien petit ramasseur de balles de Madrid.
  4 mois plus tard à Roland-Garros, la lenteur de la terre battue pose encore trop de problèmes aux australiens. En l’absence des américains, trop occupés à préparer la reconquête de la coupe Davis, c’est Manuel Santana qui s’impose. L'espagnol prive ainsi l’italien Pietrangeli d’un troisième Roland-Garros d’affilé. Quel extraordinaire parcours pour cet ancien ramasseur de balles du club de Madrid, dont l’adresse naturelle avait été remarquée par hasard par un joueur perspicace. Après la balle de match, il court embrasser son adversaire en passant par dessous le filet, gardant sur le court central de Roland-Garros ses habitudes de petit ramasseur de balles… Les australiens ne font pas mauvaise figure sur terre battue. Rod Laver ne perd qu’en demi finale, battu en cinq sets par Santana. Son revers lifté fait merveille et s’avère être sur terre battue une extraordinaire arme défensive. La patience aidant, Laver montre qu’il sait adapter son jeu à une surface lente pour rivaliser avec les meilleurs. En passant, la paire Emerson-Laver remporte le double.

Manuel Santana  à Roland-Garros

Rod Laver à l'attaque.
C’est à Wimbledon que Rod Laver prend définitivement la tête du tennis amateur. Après deux finales perdues, la troisième est la bonne. Laver gagne ses quatre derniers matchs sans perdre un seul set, profitant des contre performances de tous les autres favoris. Il bat facilement en finale le jeune étudiant américain Chuck McKinley qui avait atteint l’ultime stade de la compétition sans avoir rencontré une seule tête de série ! Cette intrusion américaine en finale d’un tournoi un grand chelem sera de courte durée. A Forest Hills, en septembre, les choses rentrent dans l’ordre avec un finale 100% australienne Emerson-Laver. Cette fois, c’est Emerson qui montre ses progrès en prenant le meilleur sur son compatriote et ami.

Première victoire à Wimbledon.

Finale de Forest Hills, 1961
7/5 6/3 6/2 pour Emerson

Sept 1961: Laver et Emerson
en tournée en Californie. 
Au centre Bill Bond, 
un espoir américain.
Quant à la coupe Davis, c’est une répétition du scénario de l’année précédente. Les italiens Pietrangeli et Sirola battent à Rome une très faible équipe américaine - qui se souvient de Whitney Reed et Jack Douglas ? -, avant de retrouver en finale comme l'année précédente Fraser, Laver et Emerson. Ce dernier a eu de la promotion puisqu'il joue les simples aux côtés de Laver. A Melbourne, la victoire australienne est sans surprise et le score sans appel: les italiens arrachent en tout et pour tout deux sets pendant la rencontre.
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Dernière mise à jour : 10 avril 2010
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Avril 2010. .