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Frank Sedgman
(26) 1948-1950
Le grand retour des 
Australiens


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Épisode suivant : 1951 : Sedgman-McGregor, un grand chelem en double.

La domination américaine pendant toutes ces années d'après guerre n’était pas une fatalité pour tout le monde. De l’autre côté de l’océan, dans la lointaine Australie, un homme préparait la reconquête de la coupe Davis. Harry Hopman avait été un bon joueur de simple, un très bon joueur de double, partenaire de Crawford, et surtout un extraordinaire spécialiste du mixte avec sa femme Nelly. Il avait été capitaine non joueur de l’équipe Australienne en 1938 et 1939. Devenu journaliste; et accessoirement entraîneur, il s’intéressait aux espoirs porteur d'avenir. La lourde défaite encaissée contre Kramer et ses boys en 47 l’avait fait réfléchir.  Il avait notamment été très impressionné par le jeu simplifié à l’extrême de l’américain, la quasi mécanisation  de toutes les phases du jeu qui se réduisait à des prises de risques savamment calculées autour d’un jeu d’attaque à outrance. 

Frank Sedgman
  Hopman avait découvert justement un jeune espoir de 19 ans, étourdissant de facilité mais qui manquait singulièrement d’expérience: Frank Sedgman. Grand blond frisé avec un visage de poupon, très adroit dans tous les compartiments du jeu. Segdman impressionna Hopman par ses dons naturels, mais pas par sa condition physique... Hopman le prit sous sa coupe et commença à lui faire suivre un entraînement spécial. Pour la campagne de 1948 en Europe et aux USA, Hopman  se proposait d’emmener le jeune Frank , mais la fédération Australienne n’était pas riche et ne prévoyait qu’un voyage aux USA pour la coupe Davis. Hopman insista et c’est finalement grâce à une souscription publique lancée à travers tout le pays  que Frank Sedgman partit pour sa première tournée en Europe. Il avait tout juste 20 ans.
Le jeune homme apprit beaucoup pendant cette première tournée. A Roland-Garros, il ne brilla pas en simple, mais il fit équipe avec Hopman (42 ans!) et atteint la finale. La fougue de la jeunesse associée à l'expérience faisait merveille. A Wimbledon son association avec Bromwich se révéla particulièrement fructueuse, puisqu’ils remportèrent le double avec un étonnante facilité. Bromwich de son côté manqua de peu la triple couronne, car après ses victoires en mixte et en double, il rata trois balles de match en finale du simple contre Bob Falkenburg. La brillante prestation de Bromwich aurait du donner à l’équipe d’Australie un moral de vainqueur en vue de la confrontation annuelle en coupe Davis contre sa rivale américaine. Mais Bromwich et Sedgman rentrèrent directement en Australie et c'est une équipe composée de Quist (capitaine joueur), Sidwell et Long qui bat la Tchécoslovaquie de Drobny en finale inter-zone. En finale, c'est une véritable déroute que subirent Adrian Quist et ses hommes contre les américains. L’expérience de Schroeder et Parquer en simple, et de Mulloy et Talbert en double, suffit à assurer une confortable victoire  américaine sur le score sans appel de 5/0.

Schroeder, pilier de l'équipe 
américaine de coupe Davis 
1946-1951
1949 fut une année de transition. Sedgman réussit à s'imposer tout de suite comme N°1 de son pays en remportant son premier titre en Australie. Mais en quart de finale à Wimbledon, il perd contre le futur vainqueur Schroeder après avoir eu deux balles de match!  En coupe Davis, l'expérience de Schroeder et Gonzales suffit à assurer la victoire américaine contre Sedgman et Sidwell, Bromwich (promu capitaine joueur) et Sidwell sauvant l'honneur en double.

Segdman à la volée face à Schroeder
Coupe Davis 1949
  Suite à ces défaites à répétitions, Hopman fut nommé capitaine de l'équipe Australienne. Il ne se découragea pas et découvrit un autre espoir de talent, Ken McGregor.  Mais ce dernier jouait au tennis pour s’amuser et préférait le rugby. Hopman sut néanmoins deviner le talent prometteur du jeune homme et se montrer persuasif auprès de Papa McGregor.  Il commença à imposer à ses joueurs une discipline de fer pour l’entraînement, avec des méthodes que l'on avait encore jamais vues dans le monde du tennis: vie monastique, interdiction de sortie tardive (voir même pas de sortie du tout !), rythme de vie et nourriture imposés, pas de tabac ni d’alcool, système d’amendes pour les infractions constatées… Il enseignait à ses élèves les théories de Kramer  sur Power tennis, en la complétant par des séjours réguliers et intensifs (et bien sûr obligatoires) dans des salles de musculation. Là aussi, c’était entièrement nouveau pour l’époque. C’'est dans cette ambiance quasi militaire que Hopman soumit Sedgman et McGregor à ce que certains qualifièrent de "lavage de cerveau" et de "surentraînement". Ces méthodes de commando n'avaient qu'un seul but: la reconquête de la coupe Davis.
1950 vit la récompense de tous ces efforts. Pour la finale de la coupe Davis, Hopman n'hésita pas à aligner ses deux jeunes en simple et bien lui en prit. McGregor, 21  ans, quasi inconnu, surprit Schroeder dans le premier match et sut donner un moral de vainqueur à ses équipiers. Sedgman gagna ses deux simples, puis le double avec Bromwich. 

En pleine décompression suite à leur victoire, les australiens furent littéralement balayés au tournoi de Forest Hills qui suivit. Mais Sedgman et Bromwich surent garder un peu de motivation pour gagner le double en pleine décontraction. Pour Bromwich, ce sera sa dernière grande victoire avant la retraite. Pour Sedgman la première d'une incroyable série de huit victoires consécutives en double dans les tournois du grand chelem!

 


La coupe davis de retour en Australie.
A droite, Norman Brookes, président 
de la fédération Australienne
Au centre, Elisabeth, future Reine d'Angleterre
Cette victoire eut un immense retentissement en Australie où Hopman et son équipe furent littéralement accueillis en héros. Mais le meilleur reste encore à venir pour les australiens. Avec la retraite de Bromwich allait se constituer naturellement une équipe de double promise à un avenir exceptionnel: Segdman-McGregor.

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Dernière mise à jour : 10 avril 2010
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Avril 2010. .