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(29) 1952-53
Les "Whiz Kids" Lewis Hoad 
et Ken Rosewall


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Il ne fait pas très chaud cet après midi de mai 1952, pour la première journée de Roland Garros. Les spectateurs sont encore rares comme c'était souvent le cas alors pendant toute la première semaine du tournoi, et le ciel un peu couvert n'incite pas vraiment à la promenade.
Quelques passionnés flânent quand même dans les allées des courts secondaires en quête d'émotions. Très vite, un petit groupe ne tarde pas à se former: Ken Rosewall, un jeune australien de 17 ans, affronte un des meilleurs crocodiles de l'époque, très accrocheur sur terre battue, l'italien Gardini. Mené deux sets à rien, le petit australien commence à en faire voir de toutes les couleurs à son adversaire. Il gagne le troisième puis le quatrième set à coup d'amorties, de lobs, de passings et de volées de revers qui laissent sur place le pauvre Gardini. L'italien ne gagne finalement le cinquième set que de justesse, en serrant le jeu et utilisant toutes les ressources de son expérience sur terre battue. En sortant du court, il déclare sagement "Celui-là, c'est la dernière fois que je le bats!", en promettant un brillant avenir à son malheureux adversaire.  
Rosewall à Roland-Garros

Roland-Garros, 1953. 
Henri Pelizza serre la main de son vainqueur

Les italiens Sirola et Gardini, 1955.
Un peu plus loin, l'autre jeune espoir australien, Lewis Hoad, a moins de chance face à Eric Sturgess, un sud africain grand joueur de fond de court et renvoyeur infatigable. Son jeu d'attaque à outrance est contré sans trop de problèmes par des lobs savants, mais sa puissance et ses montées au filet laissent entrevoir de belles possibilités. Quelques jours plus tard, les deux jeunes australiens atteignent les demi-finales du double. Plus personne ne doute alors que ces deux prodiges de 17 ans sont les champions de demain, la seule question étant de savoir lequel y arrivera le premier...

Lewis Hoad 
 

Rosewall et McGregor
Les australiens à l'entraînement, Wimbledon 1952
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  Pour leur premier Wimbledon, Hoad passe trois tours et Rosewall et Rosewall un, et comme à Roland-Garros, ils atteignent la demi-finale du double. A la suite d'un double victorieux contre les américains Mulloy-Savitt, têtes de série N°2, ils enchantèrent tellement les spectateurs londoniens qu'il devinrent pour toujours les "Whiz Kids", les apprentis sorciers; ou magiciens, comme on voudra. Et comme ils avaient le même âge et qu'il ne se quittaient jamais, on leur donna vite un autre surnom: "The Twins", les jumeaux! Deux mois plus tard, ayant acquis de l'expérience, ils atteignent les quarts de finale de l'US Open. Rosewall en battant Vic Seixas, le N°1 américain, et Hoad en dominant Larsen, le vainqueur de 1950. Les voilà lancés.
C'est Rosewall qui va s'affirmer le premier, remportant dès l'année suivante les internationaux d'Australie et Roland-Garros. A 18 ans, il joue avec une étonnante maturité. Vic Seixas en finale ne peut que regarder filer les revers du petit australien. Son camarade Hoad a plus de mal avec son jeu de cogneur qui consiste à taper le plus fort possible sur toutes les balles. Mais en double, les "Whiz Kids" font merveille. Ils gagnent les trois premières levées du grand chelem. Malheureusement, ils ratent complètement le double de l'US Open, battus sans gloire en quart de finale par deux inconnus, Burrows et Clark, sur le score de 5/7 14/12 18/16 9/7. Les jumeaux sont fatigués en fin de saison, voilà plus de 5 mois qu'ils sont partis de chez eux, et ils n'ont que 18 ans... Avec Vic Seixas, le vainqueur de Wimbledon et Tony Trabert, le vainqueur de Forest Hills, les américains peuvent espérer reprendre enfin la coupe Davis aux Australiens.  

Vic Seixas sert la main de son vainqueur

Rosewall et son revers, Roland-Garros, 1953

Hoad de face face à Seixas. Victoire 6/4 6/2 6/3
Il remet les équipes à égalité 1/1. 
  Cette saison déjà très longue se termine par la finale de la coupe Davis en Décembre à Melbourne. Pour la première fois dans l'histoire de cette compétition, deux jeunes de 19 ans à peine allaient défendre le trophée pour leur première participation! Hopman sélectionne naturellement Hoad et Rosewall en simple, mais déçu de leurs récentes performances en double, décide de casser l'équipe qui avait pourtant remporté trois épreuves en grand chelem cette année! C'est finalement Rex Hartwig qui fait équipe avec Hoad. Cette décision eut un effet désastreux sur le moral de ces jeunes gens et surtout Rosewall qui en perdit son revers magique. En pleine perte de confiance, il est littéralement balayé en trois sets par Trabert lors du premier match. On dut faire venir sa mère en urgence pour lui remonter le moral! (je n'ose pas dire: pour le consoler...) Hoad remet les équipes à égalité, mais une nouvelle déception attend les australiens le lendemain, ils ne font que 8 jeux en double.
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Pour la troisième journée décisive, tous les Australiens sont scotchés à leur poste de radio. Contre Trabert, Hoad mène rapidement deux sets à zéro, puis sur l'herbe rendue glissante par une averse, commence à perdre ses appuis. Il perd les deux sets suivants. Encore mené au 5eme set, il chute lourdement et change de raquette. Il retrouve alors  miraculeusement toute la puissance qui lui manquait (problème de cordage probablement...) et aligne les trois derniers jeux pour gagner 8/6! Il parait que Trabert est rentré au vestiaire les larmes aux yeux... A deux partout, C'est un Rosewall regonflé qui retrouve sa concentration et son revers pour battre Seixas en 4 sets. La coupe était sauvée pour la 4eme année consécutive, mais cette fois, Hopman avait eu chaud!  

Vic Seixas pendant son match contre Rosewall
Carte postale émise à Milan à l'occasion de la victoire
australienne en coupe Davis, 1953.

 

Hoad et Rosewall après
leur première victoire en coupe Davis
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Dernière mise à jour : 10 avril 2010
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Avril 2010. .