Les héros du grand chelem
René Lacoste
"Le Crocodile" ou "l'Alligator"
(2 Juillet 1904, 12 octobre 1996)
English version - Version anglaise
English translation
 
Les débuts
Les premiers succès
L'arrivée au sommet
La retraite anticipée
La naissance du "Crocodile"
Le style
L'opinion de Tilden
Lacoste homme d'affaires et inventeur

1926


1928


1929
avec Tilden

1972
Images cadeau pour collectionneurs
  Les débuts : Tout le monde n'a pas un père aussi compréhensif que le jeune René Lacoste. Il accepte en effet que son fils renonce à préparer Polytechnique pour se consacrer uniquement au tennis. En 1922, c'est un pari douteux à l'époque de l'amateurisme et l'avenir de son fils ne paraît pas très bien assuré, mais enfin... Papa Lacoste est gérant des usines Hispano-Suiza, il n'a pas trop de problèmes matériels, et il donne un an à son fils pour montrer de quoi il est capable! Le jeune René ira bien au delà des espérances de son père... Lacoste imaginatif et homme d'affaires avisé, a donné au monde la machine à lancer les balles (1927), la chemise qui porte son nom (1933), la pastille anti-vibration (1960) et la raquette métallique (1963)!
Contrairement à ses camarades Borotra et Cochet, autodidactes de talent qui mettaient en pratique leurs qualités naturelles en inventant la plupart de leurs coups, René Lacoste s'adjoint les services d'un professeur de renom, Darsonval et travaille d'arrache pied. Il n'a semble-t-il aucune des qualités naturelles qui font les joueurs de son époque, mais il a pour lui son admiration pour Suzanne Lenglen, une passion  pour le jeu et un souci de l'entraînement qu'il poussera jusqu'à la maniaquerie. Il est le premier joueur de tennis à compléter son entraînement par de la culture physique, de la course à pied et du saut à la corde. Il passe des heures à marteler les murs de la maison familiale (qu'il faut recrépir tous les ans...). A son professeur qui lui reproche de trop s'entraîner, il réplique en inventant une machine à envoyer les balles! Avec de telles méthodes, modernes pour l'époque, sa concentration, sa lucidité et sa régularité il fera des progrès rapides : participation aux championnats du monde sur terre battue en 1922 et première sélection en coupe Davis dès 1923. Il a dix-huit ans.

Prototype de la première 
machine à envoyer les balles

Photo extraite d'un journal 
australien de l'époque. 
René Lacoste présente 
son invention.
Les premiers succès: Il devient vite un pilier de l'équipe de France et un habitué des voyages en Amérique pour les finales interzones de la coupe Davis. Il atteint la finale du championnat de France en 1924, battu par Borotra et devient N°1 français l'année suivante, en remportant coup sur coup les premiers internationaux de France et un mois plus tard, Wimbledon. Associé à Borotra, avec qui il forme une équipe remarquable, il remporte également les deux épreuves de double, faisant ainsi cette année là un grand chelem "Européen".

Image cadeau d'un paquet de cigarettes (All) 
Double messieurs Wimbledon, 1925
. Borotra-Lacoste (avec la casquette) 
contre les américains Williams-Washburn.

Battu sévèrement par Patterson et Johnston en coupe Davis à la fin de l'année, il débute mal 1926, battu trois sets à zéro par Cochet aux internationaux de France. Perdant confiance, il ne va pas à Wimbledon pour défendre son titre, reprend alors l'entraînement acharné, travaille la technique de ses coups et finalement retrouve ses moyens. Il est au point pour le déplacement en Amérique où il remporte en coupe Davis sa première victoire sur Tilden. Il gagne dans la foulée son premier championnat d'Amérique à Forest Hills. Il est alors N°1 mondial avec Borotra et Cochet.

 

Lacoste aux côté de Suzanne 
Lenglen, Wimbledon, 1925.


Lacoste et Borotra 
pénètrent sur le court 
central de Wimbledon, 
1925


Deuxième succès à 
Forest-Hills, 1927
L'arrivée au sommet: Lacoste est maintenant au sommet et y reste. Il bat trois fois Tilden en 1927, assurant ainsi sa domination sur le tennis mondial, confirmée par la victoire en coupe Davis, un deuxième titre à Forest Hills en 1927 et à Wimbledon en 1928. En 1929, il gagne Roland Garros grâce à deux superbes victoires sur Tilden et Borotra. Il n'a que vingt-cinq ans et tout le monde lui prédit alors un long règne sur le tennis mondial...

Lacoste, joueur retraité et 
capitaine de l'équipe de 
France de coupe Davis 
en compagnie de sa femme, 
1932.
La retraite anticipée: Sa victoire à Roland-Garros en 1929 est à la surprise générale son dernier match officiel. Malade - atteint d'une bronchite chronique...-, craignant l'humidité, les efforts et le mauvais temps, René Lacoste arrête toute pratique sportive du jour au lendemain. C'est un grosse perte pour l'équipe de France qui se voit privée du plus jeune et du plus prometteur de ses joueurs.  On le voit alors souvent, emmitouflé dans d'épais pardessus, avec cache-nez et chapeau, continuer à s'intéresser au tennis et à l'avenir de l'équipe de France. Se croyant guéri, il revient à la compétition en 1932 et passe trois tours à Roland-Garros. Mais de nouveau malade, il abandonne le tennis cette fois définitivement. Il devient alors capitaine-séléctionneur en coupe Davis dans les années 30, puis président de la Fédération Française de Tennis jusqu'en 1942. Il développe avec succès, à partir de 1933, la marque Lacoste pour commercialiser des chemises de coton destinées aux sportifs.
Le "Crocodile" : La véritable histoire du "Crocodile" date de 1926. René Lacoste aimait à raconter la façon dont son surnom est devenu un emblème de notoriété mondiale. "La presse américaine m'a surnommé "Le Crocodile" à la suite d'un pari que j'avais fait avec le Capitaine de l'Équipe de France de coupe Davis. Il m'avait promis une valise en crocodile si je  remportais un match important pour notre équipe. Le public américain a retenu ce surnom qui  soulignait la ténacité dont je faisais preuve sur les courts de tennis, en ne lâchant jamais ma proie !  Mon ami Robert George me dessina alors un crocodile qui fut brodé sur le blazer que je portais  sur les courts."

Lacoste aux USA, 
Première apparition 
du fameux crocodile.
1926
Le style: :  Il ne se semble pas que René Lacoste ait impressionné ses contemporains par la qualité de son jeu. Tout le monde lui reconnaît plutôt un style ennuyeux. Sa technique était entièrement basée selon le principe simple et logique suivant : il suffit de renvoyer la balle dans le court une fois de plus que l'adversaire! 

Mise en pratique, cette tactique le faisait volontiers rester au fond du court, usant ses adversaires par la variété de ses coups longs ou courts, ajustés au millimètre. Il n'allait pas naturellement au filet, mais savait le faire quand les circonstances l'exigeaient. Ainsi, il est le premier joueur de tennis à perfectionner sa technique, non pas dans le but de gagner un point ou de prendre ses adversaires de vitesse, mais uniquement pour placer et assurer ses coups, éliminant pratiquement tous les risques d'erreurs de son jeu. Ce travail de stakhanoviste du tennis, mis en pratique pour la première fois, est utilement complété par l'intelligence de jeu d'un mathématicien. Il passe des heures à observer ses futurs adversaires, consignant dans un carnet ses observations et préparant ses matchs à l'avance par la mise au point de tactiques de jeu adaptées à l'adversaire du jour. Froid, concentré et toujours lucide, René Lacoste cherche alors à renvoyer la balle à quelques millimètres des lignes, alternant les longueurs et usant ses adversaires en leur faisant courir des kilomètres d'un bout à l'autre du court! 

 


Deux photos de René Lacoste 
à Forest Hills

  Contre un tel adversaire, seuls les attaquants qui pouvaient jouer des balles très rapides et conclure les points à la volée, avaient une chance de l'emporter avant de se fatiguer. Encore fallait-il éviter de se faire lober! Cochet, et dans une moindre mesure Borotra et Tilden, ont été les seuls joueurs capables de contrer cette tactique d'usure, encore devaient-ils être ce jour là, dans une forme parfaite!

Ce style de jeu inventé, on peut le dire  par René Lacoste, a tellement marqué son époque que son surnom "Le crocodile" est devenu dans le langage commun, synonyme de renvoyeur. En général, un crocodile est ennuyeux, accrocheur, avec des jambes inusables, il a l'air ingénu, ne court jamais inutilement après une balle et s'efforce d'énerver son adversaire en alternant balles longues, balles courtes et lobs. Ses balles sont toujours molles, mais il accélère de temps en temps et toujours quand on ne s'y attend pas! Enfin, il ne s'énerve jamais. D'ailleurs, personne ne souhaite vraiment en rencontrer un...

L'opinion de Tilden: "La régularité implacable avec laquelle ce garçon au visage impassible répond à toutes mes attaques, a une influence désastreuse sur mon système nerveux. Je suis rempli du désir sauvage de lui jeter ma raquette à la figure. Il y a quelque chose d'impitoyable dans un pareil adversaire qui ne se retire du court qu'un fois sa tâche accomplie. Son surnom de "Crocodile" lui convient à merveille. Chaque fois que je pénètre sur le court, je sais que je m'apprête à une bataille physiquement et moralement épuisante."
Lacoste, inventeur et homme d'affaires: En 1933, René Lacoste et André Gillier, le propriétaire et président de la plus grande  compagnie française de bonneterie de l'époque, fondent une société pour exploiter la chemise  brodée d'un logo que le champion avait créé pour son usage personnel sur les courts de tennis,  ainsi qu'un certain nombre d'autres modèles de chemises conçues pour le tennis, le golf et la mer. C'était la première fois, semble-t-il, qu'une marque était visible à l'extérieur d'un vêtement,  une idée qui a, depuis, fait son chemin.  Cette chemise constitua immédiatement une révolution chez les joueurs de tennis de l'époque, qui  portaient alors sur les courts des chemises de ville classiques en tissu chaîne et trame, à manches  longues. 

L'entreprise depuis a fait son chemin...  Elle s'internationalise en 1952 (Italie, États-Unis) et se diversifie. 

 
1963: Invention par René Lacoste de la première raquette de tennis en acier : une  révolution dans le domaine du tennis qui a mis en cause la suprématie de la  raquette en bois et ouvert la voie aux modèles d'aujourd'hui. Cette raquette se  caractérisait par une tête de forme ronde tout à fait révolutionnaire ainsi que par une  "double branche". Elle se différenciait par une répartition unique des masses aux  deux extrémités, concentrant la puissance derrière la balle, par une très faible  résistance aérodynamique permettant une grande maniabilité ainsi que par un  système original breveté de fixation des cordes donnant un meilleur rendement, en  particulier avec des cordes synthétiques peu onéreuses.  Cette raquette a gagné 46 titres de tournois du Grand Chelem de 1966 à 1978. Distribuée aux États-Unis par Wilson, elle a été utilisée notamment par Jimmy  Connors et Billie Jean King.

1968: Lancement d'une Eau de Toilette Lacoste, sous licence avec Jean Patou.

1982: Ouverture avenue Victor Hugo à Paris de la première boutique Lacoste dans le monde.

Depuis, Lacoste se spécialise et se développe avec succès dans les produits de sport de haut de gamme.


Voici son palmarès en grand chelem : 7 simples, et 3 doubles messieurs.
 
Wimbledon Simple Messieurs 1925 et 1928
Double Messieurs 1925   J.Borotra
Championnats d'Amérique Simple Messieurs 1926 et 1927
Internationaux de France Simple Messieurs 1925 - 1927 - 1929
Double Messieurs 1925   J.Borotra
1929   J.Borotra
Coupe Davis (2) 1927-1928

Agrandissement d'une image cadeau d'un paquet de cigarettes anglaises de marque "Lambert & Butler", 1926.

La photographie a été prise à Wimbledon, probablement pendant sa finale contre Borotra en 1925. Pour une fois, Lacoste ne porte pas sa légendaire casquette de golfeur. 

Cette carte est postérieure à la victoire de René Lacoste aux championnats d'Amérique en septembre 1926.



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Dernière mise à jour : 24 Mai 2000
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Mars 2000.