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Sept. 1944, Bernard Destremeau,
champion de France 41 et 42, 
est décoré de la légion 
d'honneur par le maréchal 
de Lattre de Tassigny.
(21) 1939-1945
Le tennis dans 
la tourmente.


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Dès octobre 1939 la guerre fait irruption dans le monde du tennis, le stade Roland-Garros est réquisitionné et sert de camp d’internement pour «étrangers indésirables». 600 prisonniers s’y entassent dans des conditions précaires le temps d’une "drôle de guerre". Avec l’arrivée des allemands, le stade est rendu à son usage sportif…  L’armistice signé avec l’Allemagne en juin 1940 permet au gouvernement du maréchal Pétain de créer l’illusion d’un retour à la paix. Roland-Garros se prépare donc à accueillir de nouveau des compétitions et même des spectacles. Borotra, qui occupe le poste de commissaire général aux sports dans le gouvernement de Vichy, encourage la pratique du sport et la reprise des compétitions. 
 Curieuses affiches de propagande publiées par le commissariat aux sports en 1941.
René Lacoste succède à Pierre Guillou en tant que président de la fédération française jusqu’en 1942. Il profite de son mandat pour racheter le stade Roland-Garros à ses propriétaires historiques, le Stade Français et le Racing. 

Les championnats de France de tennis reprennent à partir de 1941. Les anciens professionnels qui ne peuvent plus exercer leur métier sont requalifiés "amateurs", chose totalement inimaginable deux ans auparavant. Cochet et Rampillon, anciens des tournées professionnelles de Tilden, retrouvent ainsi le chemin du stade Roland-Garros. Bernard Destremeau, lieutenant démobilisé, est champion de France en 1941 et 42, avant de choisir de rejoindre l’Afrique du Nord où il s’engage dans la 1ere DB. Borotra, qui essaie de suivre le même chemin a moins de chance. Il est arrêté par les allemands et ne doit sa survie qu’à l’intervention du roi de Suède. Il restera prisonnier jusqu’en 1945.

En 1943, Yvon Pétra, de retour de captivité, succède à Bernard Destremeau. En finale, il bat difficilement en 5 sets Henri Cochet alors âgé de 42 ans !

 

Bernard Destremeau et Yvon Pétra
1942
En Allemagne et en Italie, pays alliés, la guerre ne met pas complètement fin aux activités sportives. Ainsi, sont organisées jusqu’en 1942 quelques rencontres « fraternelles » par équipe, ce qui permet de renforcer les liens entre les deux pays de l’Axe et entretenir l’idée d’une victoire prochaine. Henkel, le N°1 allemand disparaît à Stalingrad en 1943, tandis que Van Cramm, blessé sur le front Russe, est accusé d’avoir participé au complot contre Hitler. Il survécut comme Borotra grâce à la protection bienveillante du roi du Suède.
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Rencontre Allemagne-Italie, 1941. Henkel est le capitaine de l'équipe d'Allemagne (à g)
Deuxième iatlien à partir de la gauche, de Stefani, futur président de la fédération internationnale de lawn-tennis.
En Angleterre, le court central de Wimbledon reçoit une bombe pendant le blitz, heureusement sans trop de dégâts. Le stade anglais restera fermé jusqu’en 1946…  


Joe Hunt, vainqueur de Forest Hills 
1943

  Les  États-Unis sont le seul pays en guerre où les championnats nationaux continuèrent à se dérouler à peu près normalement, avec une maigre participation étrangère, surtout sud-amércaine. L'équatorien Pancho Segura notamment joue pendant cette période ses premiers matchs internationnaux. Il sera après la guerre un des meilleurs joueurs professionnels.

La finale de 1943 oppose les deux espoirs qui avaient joué le double de la dernière coupe Davis en 1939, Joe Hunt et Jack Kramer. Hunt, mobilisé dans l’aréonavale se tuera quelque mois plus tard à l'entraînement dans un accident d’avion. Kramer eut plus de chance. Mobilisé dans les garde-côtes, il n’est pas trop affecté par la guerre et il réussit à s’entraîner à peu près normalement jusqu’à la fin des hostilités.
 

Deux curieuses publicités de 1944 parues aux Etats-Unis, 
mettant en scène l'armée et le tennis.
C’est dans Paris libéré qu’eut lieu en septembre 1944 la première rencontre de tennis annonciatrice de la paix prochaine. Yvon Pétra affronte en match amical Henri Cochet. L'arbitre est Simone Mathieu, championne de Roland-Garros en 1938 et 39. La française arrive tout droit de Londres où elle vient de passer 4 ans engagée volontaire dans les Forces Aériennes Françaises Libres. Enfin,en 1945, un peu en avance sur le calendrier internationnal, Bernard Destremeau rencontre amicalement un jeune américain de l’US Army, Budge Patty. L’américain apprécia tellement son séjour parisien qu’il décida de s’installer définitivement dans la capitale française… Il deviendra alors le plus français des grands champions américains d'après guerre.
En 1946, la paix enfin revenue, la Fédération Française s’apprête à organiser le premier Roland-Garros d’après guerre. Mais des difficultés d’organisation et les restrictions en vigueur retardent l’événement jusqu’à fin juillet. C’est donc à Wimbledon que se tient fin juin la première grande réunion tennistique d’après guerre…

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Dernière mise à jour : 21 Août 2001
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Mars 2000.