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Tony Trabert à
Wimbledon, 1955
(30) 1954-55 : 
La revanche de 
Tony Trabert
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En 1954, quelqu'un est fermement décidé à mettre fin à la domination australienne en coupe Davis, c'est l'américain Tony Trabert. A 23 ans, ce superbe athlète avait tout pour lui. Grand, blond, les épaules carrées, les cheveux courts taillés en brosse, il était le gendre idéal de toutes les mères américaines.  Pour ne rien gâcher, il était fiancé à miss amérique 1953, ce qui lui permettait de faire la une des journaux mondains. Au tennis, c'était un bourreau de travail, seul de tous les joueurs américains à avoir compris et mis en pratique les méthodes de Hopman. Membre de l'équipe de coupe Davis depuis 1951, libéré de ses obligations militaires en Allemagne depuis 1952, il était le nouveau N°1 américain depuis sa victoire à Forest Hills l'année précédente. En décembre, à Adélaïde, il était passé à un jeu de la victoire en coupe Davis dans son match contre Hoad! Pour Trabert, 1954 devait être l'année de la revanche.

Vic Seixas, de face, et Tony Trabert
Son second, Vic Seixas, n'était déjà plus un espoir. A 31 ans, c'était un joueur solide et complet, au jeu classique, mais il n'avait pas le toucher de balle d'un Rosewall, ni la puissance d'un Trabert. Bon serveur, bon attaquant, bon volleyeur, il avait un tempérament de gagneur, mais allait rarement jusqu'au bout. Battu par Rosewall à Roland-Garros, il avait quand même réussi un mois plus tard à décrocher le titre à Wimbledon. Il eut plus de succès en double, aussi bien avec Trabert qu'avec Doris Hart en mixte.
Côté australien, l'année s'annonce plus difficile pour Hoad et Rosewall. D'outsiders, ils passent maintenant au rang de favoris, et ils sont attendus. L'enthousiasme et le culot de leurs 18 ans ne suffit plus. Aux championnats d'Australie, les Whiz Kids sont battus par leurs aînés, et c'est Merwyn Rose qui triomphe de Rex Hartwig en finale. A Paris, c'est Trabert qui fait le doublé, et les jumeaux sont écrasés en finale du double par Seixas-Trabert.  
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Les favoris de Wimbledon
journal anglais, 1954

Rosewall et Trabert,
 demi-finale Wimbledon, 1954
A Wimbledon, Rosewall réussit à redonner espoir à l'Australie. Il triomphe de Trabert en demi-finale au cours d'un superbe match pendant lequel il fait des points en volée de revers en interceptant directement les smashs de l'américain. En finale Rosewall rate sa première et peut-être sa meilleure occasion de gagner Wimbledon contre le vétéran Drobny qui, lui, en était à sa 3eme finale et sa 11eme tentative. Rosewall eut le tord de s'acharner à vouloir lober son adversaire, alors que Drobny était probablement le meilleur smasheur de l'époque.


Rosewall en demi-volée, Wimbledon 1954

Après la victoire de Seixas à Forest Hills, les américains s'entraînèrent pendant deux mois sous la direction de Talbert, leur capitaine, avec pour seul objectif de venger la défaite de l'année précédente (on imaginerait plus ça aujourd'hui...). Côté australien, ce n'était pas la grande forme. Hoad était amoureux de Jennifer Staley, une charmante petite blonde finaliste des championnats d'Australie en 54, et sa concentration s'en ressentait...  Rosewall, concurrencé par Rex Hartwig en double, perdait la confiance de son capitaine et la qualité de son jeu en souffrait. A Sydney, devant une foule record de 27 500 spectateurs, Trabert et Seixas infligèrent aux "jumeaux" une défaite cruelle sur le score de 3/0. Trabert tenait enfin sa revanche.  

Hopman conseil Hoad pendant le match contre Trabert
qui vient de faire le break. L'Australien perdra en 4 sets

L'équipe australienne saisie par le doute...
Hoad et Hopman en grande conversation font la une 
de ce jounal américain sur le tennis

Trabert au smash.
Devant, Vic Seixas.
Coupe Davis, 1954

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Aux championnats d'Australie qui suivirent la déroute Australienne, Trabert, en pleine décompression, est battu en demi-finale en 3 sets par Rosewall, futur vainqueur de l'épreuve. Défaite presque normale à la suite du triomphe en coupe Davis, mais ô combien lourde de conséquences pour l'histoire du grand chelem. Car Trabert devait ensuite remporter cette année là les trois autres grands tournois, finissant la saison à Wimbledon et Forest Hills sans perdre un seul set! 

Côté Australien, Hopman ne restait pas inactif. Déçu par les performances des jumeaux en double, il choisit de sélectionner Hartwig comme partenaire de Hoad, et associa un "jeune" espoir de 22 ans à Rosewall, Neale Fraser. Les quatre australiens devaient se retrouver en finale de Wimbledon, et c'est la paire Hoad-Hartwig qui l'emporta.

 

Tony Trabert, l'homme à battre en 1955
  Toutes ces superbes empoignades entre Australiens et Américains auraient pu durer encore quelques années pour la plus grande joie du public, si Jack Kramer ne s'en était pas mêlé. Patron d'une équipe de joueurs professionnels peu nombreuse, il cherchait à tout prix à faire signer Trabert, Rosewall et Hoad en leurs faisant des offres mirifiques. Finalement, seul Trabert se laissa tenter pour 80.000$ et une tournée contre Pancho Gonzales. Les négociatioons eurent certainement une influence néfaste sur sa fin de saison, car la finale de la coupe Davis au stade de Forest Hills fut contre toute attente une véritable déroute américaine. Hoad et Rosewall battent Trabert et Seixas en 4 sets le premier jour, et Hoad-Hartwig arrachent la victoire dès le lendemain sur le score de 12-14 6-4 6-3 3-6 et 7-5. Au cours de cette magnifique partie, c'est Hartwig qui apparut comme l'homme en forme du moment, étonnant de facilité et de puissance surtout sur les points importants. Il impressionna tellement le public qu'il fut perçu comme le meilleur homme de la rencontre et le grand artisan de la victoire australienne. 
La révélation de Rex Hartwig aurait pu créer des problèmes de concurrence au sein de l'équipe australienne. Heureusement pour les jumeaux, Kramer réussit finalement à convaincre Hartwig de signer un contrat professionnel en même temps que Trabert. Du coup, l'avenir apparut plus dégagé pour les "Whiz Kids", débarrassés du seul joueur américain de grande classe et en même temps de toute concurrence au sein même de leur propre équipe. Plus rien ne s'opposait à la réunification de la paire Hoad-Rosewall. L'année 1956 allait être celle des Whiz Kids, en simple comme en double, et surtout l'année "Lewis Hoad".  

L'équipe australienne de coupe Davis
après la victoire, 1953.
Hartwig, Hoad, Brookes, X, 
Hopman, Rosewall et Rose
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  De retour d'Amérique, l'équipe australienne défile dans les rues de Melbourne après son succès en coupe Davis. La coupe est de retour au pays!

De g à dr : Rosewall, Hartwig, Fraser et Hoad.

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Dernière mise à jour : 10 avril 2010
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