.

William Johnston (USA)
(8) 1923 : Little Bill Johnston 
et les derniers championnats 
du monde sur terre battue
.
English version - Version anglaise
English translation
Épisode précédent : 1920-1926 : Tilden et Johnston, rois de la coupe Davis.

Épisode suivant : 1924 Vincent Richards, double champion olympique


Détentrice de la Coupe Davis, avec dans ses rangs le N°1 et N°2 mondiaux  et ayant conquis grâce à Tilden les titres de champion du monde sur terre battue et sur herbe en 1921, l'Amérique n'envoie aucun représentant en Europe l'année suivante. Peut-être faut-il y voir déjà un geste de mauvaise humeur qui se manifestera avec éclat l'année suivante à Londres lors d'une réunion de la Fédération Internationale de Lawn Tennis.
A Bruxelles, en 1922, Henri Cochet, alors âgé de 21 ans et tout récent champion de France, en profite pour s'imposer dans les trois épreuves du championnat du monde sur terre battue. A Wimbledon, en l'absence de Tilden, c'est l'australien Gerald Patterson qui retrouve son titre perdu deux ans plus tôt.

Henri Cochet 
en 1922
 

Johnston et Tilden, 1923
  En 1923, l'association américaine envoie Jonhston et le jeune espoir Francis Hunter en tournée en Europe. Johnston fait place nette partout: il devient champion du monde sur terre battue à Paris et champion du monde sur herbe à Wimbledon un mois plus tard.

On pouvait croire alors que 1923 serait enfin l'année Johnston, comme 1921 avait été l'année Tilden. Il n'en sera rien. De retour dans son pays, "Little Bill" subit la loi de son éternel rival "Big Bill". Johnston est battu sévèrement en trois petits sets en finale des championnats d'Amérique. On ne reverra plus Johnston en Europe.

Les victoires répétées de ses joueurs en Europe commençaient à irriter sérieusement les dirigeants de l'Association Américaine de Lawn Tennis (USLTA). Comment admettre en effet que ses représentants aient à faire un long voyage en Europe pour conquérir - facilement ! - les titres prestigieux de "Champion du monde", alors que ces même joueurs bataillaient ferme à Forest Hills dans un tournoi tout aussi relevé, pour ne se voir décerner que le titre de champion d'Amérique. D'ailleurs, aucun européen ne faisait le déplacement à Forest Hills et les seuls étrangers qu'on y voyait étaient les courageux challengers venus disputer la finale de la  coupe Davis...

L'affaire éclata lors d'une réunion de la Fédération Internationale de Lawn Tennis, en 1923. Créée à Paris en 1913, cette organisation n'avait toujours pas reçu l'adhésion des États-Unis. Les américains, invités en tant qu'observateurs, confirmèrent leur refus d'adhérer à la Fédération Internationale aussi longtemps que Wimbledon porterait le titre de championnats du monde sur herbe ( "The Lawn Tennis Championship" ). Il était difficile d'ignorer la requête d'une aussi puissante association détentrice de tous les titres mondiaux et il fut décidé que Wimbledon s'appellerait dorénavant "The Championship". Dans la foulée, les championnats du monde sur terre battue furent supprimés, mais remplacés par ... rien du tout !   
De tout ce marchandage, il résultait que plus personne ne pourrait porter le titre de champion du monde de tennis. L'association américaine était satisfaite, car un champion d'Amérique - sur herbe - valait bien un champion de Grande-Bretagne - sur herbe également ! Et tant pis pour la terre battue ! Enfin, les titres de Champions Olympiques de tennis furent décernés à Paris en 1924 pour la dernière fois avant longtemps. (Le tennis est redevenu sport Olympique à Séoul en 1988 seulement).

 Le stade de La Faisanderie, à St-Cloud, où se déroulaient les championnats 
du monde sur terre battue : Finale du Double messieurs
C'est à cet événement capital (la suppression des championnats du monde) que l'on doit en fait la naissance du grand chelem. Car ce qu'avaient voulu les dirigeants américains se produisit. Les meilleurs joueurs étrangers commencèrent à considérer le titre de champion d'Amérique comme aussi important que Wimbledon. Lacoste en 1926 et 27, Cochet en 1928, en devenant champions d'Amérique, montrèrent l'exemple. Et pendant les années trente, les meilleurs joueurs australiens, anglais, français et même allemands, firent régulièrement le voyage en Amérique, qu'il y ait eu une coupe Davis à conquérir ou non.

La conséquence indirecte de cet événement fut, en 1925, la création de la quinzaine internationale de Lawn Tennis à Paris, qui devait devenir Roland-Garros trois ans plus tard grâce à la conquête de la coupe Davis. Mais c'est déjà une autre histoire...

Épisode précédent : 1920-1926 : Tilden et Johnston, rois de la coupe Davis.
Épisode suivant : 1924 Vincent Richards, double champion Olympique.









Des idées, des remarques, des suggestions?E-mail
 

Dernière mise à jour : 5 juin 2000
Copyright BLANCHE NET communications.
Mars 2000.