Les héros du grand chelem
Ricardo "Pancho"
Gonzales
USA, 1928, 1995
"Gorgonzales"

Voir aussi 
"La revanche de Pancho Gonzales"

  Quel extraordinaire destin que celui de Ricardo « Pancho » Gonzales, fils d’un ouvrier mexicain installé à Los Angeles dans les années 20, et qui est devenu le meilleur joueur professionnel de 1954 à 1960. Pancho Gonzales, joueur mythique à la longévité exceptionnelle, resta parmi les meilleurs joueurs du monde pendant près de 25 ans ! C’est probablement un des trois ou quatre grands tennismen du siècle, sa carrière ne peut guère être comparée qu’à celles de Bill Tilden, Ken Rosewall et, dans une moindre mesure, Jimmy Connors…

Aîné d’une famille de 6 enfants, Ricardo grandit dans une petite maison de deux pièces située à côté des terrains de sports publics de Los Angeles. Dans l’Amérique en crise des années 30, celui que tout le monde appelle déjà « Pancho », traîne plus souvent dans les rues qu’à l’école, ce qui aurait pu le mener à faire de mauvaises rencontres. Mais il est fasciné par les joueurs de tennis des courts en ciment, voisins de la maison familiale. Il y passe bien vite tout son temps et profite de la moindre occasion pour taper dans la balle. Il emprunte des vieilles raquettes, frappe le plus fort possible toute la journée, et rentre chez lui tard, épuisé et heureux…

Il se lie d’amitié avec le vendeur de matériel local chez qui il apprend à corder ses raquettes. Il y est remarqué par un bon joueur qui lui conseille de s’inscrire à une compétition junior. Ses premières victoires ne lui ouvrent pas encore les portes des instances officielles. Il est présenté à Perry Jones, le grand entraîneur  californien  - qui deviendra plus tard capitaine de l’équipe de coupe Davis de son pays -. Mais Jones ne lui trouva aucune des qualités qui font un futur grand champion. C’est donc tout seul qu’il continue à apprendre tous les coups du tennis tout en écumant les tournois de jeunes de la ville. Il faudra qu’il attende ses 18 ans et la finale des championnats junior de Californie pour qu’on s’intéresse enfin à ce «chicano» qui joue tous les points avec la rage au ventre et qui frappe comme un sourd du premier au dernier point. Pancho y écrase Herbert Flam, le grand espoir local qui sera finaliste de Roland-Garros en 1957.   

1ere victoire à l'US Open, 1948

Photo officielle, Wimbledon 49
En 1947, après son service militaire, il persuade son père de lui payer une voiture à 100$ pour lui permettre d’aller toujours plus loin disputer des tournois de plus en plus importants. Il finit l’année à la 17eme place du classement américain, ce qui lui permet en septembre 1948 d’être envoyé dans l’Est pour les championnats américains de Forest Hills. Pour ce fils d’émigré sans le sou, c’était l’unique occasion de montrer de quoi il était capable. A la surprise générale, il s’impose en battant les grands de l’époque : Parker, Drobny et en finale le sud-africain Sturgess. Devenu N°1 américain, il fait une unique tournée en Europe en 1949. C’est un demi succès : demi-finaliste à Roland-Garros, battu en huitième à Wimbledon, il se console en  remportant avec Parker les deux titres de double. A son, retour en Amérique, il gagne ses deux simples en finale de la coupe Davis. Il confirme ensuite son succès de l’année passé en remportant un deuxième titre à Forest Hills. Mais toujours sans le sou, marié et bientôt père, il profite alors de ce deuxième succès pour se dépêcher de signer un contrat chez les professionnels. Il a 21 ans.

 

Les débuts sont difficiles. Il ne remporte que 27 des 123 rencontres contre Jack Kramer, mais à la fin de la tournée, il avait gagné 75000$. Il décide d’abandonner le tennis pour profiter de cette richesse, nouvelle pour lui. Il achète une maison à ses parents, une autre pour lui, et commence à fréquenter les salles de jeux et les boîtes de nuit. Avec ce nouveau mode de vie, il est vite sans le sou, au chômage, et son nom se retrouve plus souvent à la rubrique des faits divers que dans les pages sportives des journaux. Il essaye brièvement le métier d’acteur, puis de professeur de tennis, mais sans succès. Son éducation, ou plutôt son absence d’éducation, ne lui permettait pas d’avoir la patience et la tenue nécessaire pour ce genre de métier. Sans le sou, il alla frapper à la porte de Bobby Riggs, le nouveau manager de l’équipe professionnelle, mais Riggs le mit dehors. Au début de l'année 1953 il dut finalement se contenter d’accepter de participer à un championnat du monde professionnel sans grande valeur, organisé par le promoteur Jack Harris, au cours duquel il ne bat que le seul Donald Budge en fin de carrière…

Programme de la tournée 1958

 

Jack Kramer était devenu entre temps le nouveau manager de l’équipe pro et il ne voulait plus jouer les premiers rôles. Il propose à Pancho Gonzales de le remplacer pour la tournée australienne qu’il était en train d’organiser avec Frank Sedgman, Ken McGregor et Pancho Segura. Pancho sut saisir sa chance. Aigri et motivé par ses deux années d’errance, il se déchaîna contre ses adversaires avec une rare constance, servant et volleyant comme jamais. Il bat Sedgman 16 victoires à 9, McGregor 15 à zéro. A la fin de la tournée, Pancho Gonzales était devenu le meilleur joueur professionnel du monde. Pendant la tournée américaine qui suivit, la domination de Pancho devint totale, à tel point que le public commençait à se lasser de ces victoires faciles. Les derniers matchs se déroulèrent devant des tribunes à peu près désertes, et Kramer dut renoncer à organiser d’autres tournées tant qu’il n’aurait pas engagé de nouveaux joueurs pour réveiller un peu l’intérêt du public. Pour la deuxième fois de sa carrière, Pancho Gonzales se retrouvait au chômage, mais cette fois parce qu’il était trop fort !

Avec Tony Trabert, 1956

Trabert, Kramer, Gonzales, 1956
  En 1956, l’arrivée de Trabert le remit en selle. Avec 75 victoires contre 27 il confirme sans problème sa domination. Il devient alors une véritable bête de scène et une machine à broyer les champions du monde amateur que lui opposait son patron. Tous les ans, Kramer recrutait à prix d’or le le meilleur amateur qui se faisait ensuite largement dominer par Gonzales lors de la tournée qui suivait. Ainsi en fut-il de Rosewall, Hoad, Cooper, Anderson, Olmedo et quelques autres. Pancho, le chicano de Los Angeles, régnait alors sans partage sur le tennis professionnel, sa motivation étant décuplée par le fait qu’il gagnait beaucoup moins d’argent que ses challengers. 

A partir de 1961, à 32 ans passés, sa motivation déclinant, Gonzales laisse la place de N°1 aux australiens Rosewall, puis Laver. Son tennis n’en restait pas moins un des plus puissants et des plus parfaits du circuit. Dans un bon jour il restait très dangereux et capable de battre n’importe qui. En 1966 à Wembley, à 38 ans, il remporte le tournoi après deux matchs héroïques contre Rosewall (11/9 au troisième set) et Laver (10/8 au cinquième set!)

En 1968, les premiers tournois open arrivent trop tard pour lui. A 40 ans passés, l’espoir de remporter un tournoi du grand chelem était à peu près nul. Mais il est toujours en activité et son tennis est resté spectaculaire. En avril à Bournemouth, pour les championnats d’Angleterre sur terre battue qui est le premier tournoi open de l’histoire, il a le triste privilège de devenir le premier «pro» battu par un amateur, l’anglais Mark Cox. Certains le disent fini, lui même se cherche des excuses, mais un mois plus tard à Roland-Garros, il est là, et bien là. Le public de mai 68 se presse pour admirer un des géants du siècle livrer une de ses dernières batailles. Il bat Pierre Darmon qui a dix ans de moins que lui, il écrase Gulyas le finaliste de 1966, il parvient à user Roy Emerson, le tenant du titre, après une terrible bataille en cinq sets sur deux jours. Pancho remonte le temps et se retrouve en demi-finale, comme lors de sa dernière apparition 19 ans auparavant ! Mais à 40 ans, il ne faut pas rêver et contre Rod Laver, il n’est que l’ombre de lui même, arrachant en tout et pour tout 6 jeux à l’australien…


Wimbledon 1969, pendant le match
contre Charlie Pasarel

Pasarel et Gonzales associés
sur cette carte souvenir, 1979.

  Il continue sa carrière de joueur jusqu’à 45 ans, réussissant ici ou là à gagner des matchs d’anthologie. A Forest Hills en Septembre 68, il est quart de finaliste en écrasant en trois sets Tony Roche l’étoile montante du tennis australien et récent finaliste de Wimbledon. En 1969 à Wimbledon, à 41 ans, il est encore tête de série N°9, et c’est le match historique au premier tour contre Charlie Pasarel, 25 ans. Après avoir perdu les deux premiers sets 24/22 et 6/1, le match est interrompu par la nuit. Le lendemain, servant de plomb, il ne perd plus une seule fois son service, et empoche les trois derniers sets 16/14 6/3 et 11/9 après avoir sauvé plusieurs balles de matchs au cinquième set. Une confrontation de 5H12mn... En février 70, au Madison Square Garden, il réussit à battre Laver en cinq sets alors que l'australien venait de boucler son deuxième grand chelem! Il remporte son dernier tournoi pro à près de 44 ans à Des Moines, battant en finale un ancien grand espoir du tennis français, Georges Goven.


A Forest Hills en 1968 contre Tony Roche.

Il abandonne alors le circuit professionnel pour participer au circuit senior qui venait d'être mis sur pied. Il mena une vie de semi retraité moitié entraîneur et moitié professeur. Il eut un temps comme élève un certain Jimmy Connors.

Sa vie privée fut assez tumultueuse: marié 6 fois, la dernière avec Rita Agassi, la soeur d'André avec laquelle il eut un fils Skylar. Il mourut en 1995 à Las Vegas des suites d'un cancer. Il avait 67 ans. 

Son surnom chez les pros "Gorgonzales" vient d'un commentaire d'un journaliste anglais lors de son passage à Wimbledon en 1949 qui le qualifiait de "joueur en fromage", pour dire que son tennis avait plein de trou... Frank Parker, son partenaire de double le surnomma alors "Gorgonzales", surnom qui lui est resté quelques années.

 
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  Gonzales était un magnifique champion, un des plus complets qui ait existé sans aucun doute. Du haut de ses 1m88, ce qui était grand pour l'époque, il délivrait des boulets de canons à 180 km/h avec une remarquable régularité. Avec des mouvements sobres et purs, un placement parfait, il ne faisait quasiment jamais d'erreurs. Grand défenseur, grand attaquant, grand tacticien, il a laissé le souvenir d'un grand professionnel qui donnait toujours le meilleur de lui-même. Il fut le premeir tennisman à oser discuter avec les arbitres, et à prendre le public à témoin. Il savait chauffer une salle et mettre le public de son côté. Mais il faisait son cinéma dans un excellent esprit, toujours fair play avec l'adversaire, surtout pour se passer les nerfs et se reconcentrer sans jamais que ces sautes d'humeur affectent la qualité de son jeu.
Comme tous les grand champions, Pancho signe un nombre incalculable de Raquettes de chez Spalding, avec ou sans son portrait.


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raquettes avec portrait au musée

 
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Voici son palmarès en grand chelem : 2 simples messieurs, 2 double messieurs


 
Roland-Garros Double Messieurs 1949   Frank Parker
Wimbledon Double Messieurs 1949   Frank Parker
US Open, Forest Hills Simple Messieurs 1948 
1949
 Coupe Davis (1)   1949
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Dernière mise à jour : 24 Mai 2000
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Mars 2000.